jeudi, novembre 17, 2005

Le Père Goriot

Autour d'une table de bistro une dizaine de lecteurs, on a tous lu le Père Goriot de Balzac pour en discuter, la bibliothèque étant par définition silencieuse, et le dimanche que faire en province quand on est célibataire. Ma toujours petite fonctionnaire retraitée est là. (voir plus haut Salut l'artiste!) Le prochain livre mis en lecture sera L'Attente du Père. Je dis à cette dame avec qui j'ai maintes fois discuté: "-Depuis dix ans tu refuse de lire mes écrits, tu n'es pas obligée de te plier à cet exercice!- Si! Là ce n'est pas pareil, question d'ambiance!" Je crains le pire, sa curiosité dans la parlote est limite indiscrète jusqu'à ce qu'elle vous ait acculé dans vos derniers retranchements et trouvé une brêche pour vous lancer une perfidie. Après elle vous sourit, satisfaite d'avoir eu son petit plaisir, et ses joues rosisent. Elle est toujours contente, de sa petite promenade, de ses rangées de fleurs qui protègent sa petite maison du vis à vis dans la petite ruelle. Elle s'avoue sans ambition, prend un ton sirupeux pour vous inviter à un petit café, prêche la compassion et vous colle de l'adrénaline pour huit jours. La vie n'est-elle pas belle tant qu'on peut rencontrer un interlocuteur et cabotiner à l'envie? Mais de quoi et de qui se vengent ces femmes cultivées qui n'ont plus de maris, des enfants éloignés, et une voisine qui a parfois son portrait dans le journal. Je n'ai jamais constaté plus de narcissisme que chez des personnes qui ne font rien et vous le font payer. J'irais à ce rendez-vous avec un couvercle de casserolle en guise de bouclier

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