samedi, juin 17, 2006

Vivre par procuration

J'ai entendu au café phylo: Qu'est-ce qui nous menace le plus, le bruit des bottes où le silence des pantoufles? Lorqu'on m'a dit les horreurs de la guerre, dans un orphelinat à Toulouse en 45, je se suis dit que je me suiciderai plutôt que d'affronter ce que les pensionnaires me racontaient.

Dans mon placard à balai, (comme l'appelle Lewino), je n'ai ni les chaleurs ni les intempéries, seul le cri des mouettes m'annonce les marées. L'hypocrisie des petites villes n'empêche pas les rumeurs, je ne fais plus que passer.
Si seulement Paris était moins bruyante, que l'on respire mieux, elle serait la divine maitresse connue de tous et toujours mystèrieuse, chaque regard est prometteur dans une grande cité puisqu'il faut demander son chemin. A la mer, quand je demande si l'eau est froide, on me regarde comme si j'avais voulu violer une intimité. Ne m'offre un café que des homosexuels notoires, ce n'est pas parce que je suis vieille, il y a quarante ans c'était pareil. Nous jouions les orphelines, dormant ensemble dans sa maison devenue trop grande lors de nos maris défunts; Malicieuse, elle laissait croire à plus de trouble alors que nous n'avions en commun qu'une extrème solitude, mais paradoxalement pour un petit peuple éveillé à des gourmandises secrètes, nous avions une réputation sulfureuse. Nous continuons dans le même registre, elle parle, j'écris, elle baise, je dors, elle boit, je reste frugale, elle séduit, je campe sur la péllicule de quelques réalisateurs. C'est un duo où la la demi-teinte m'est échouée, et la bulle de champagne va bien à son regard de magrébine. Je suis l'aînée mais c'est elle l'homme de la famille, bien que peureuse comme une petite fille, elle flambe et retombe toujours sur sa mise. Je ne perds ni ne gagne à aucun jeu sauf celui de la santé car je n'aurais personne pour me soigner. Mourir, oui! mais sans à coups, mes cinq étages ne me le permettraient pas. Entre mes espoirs différés et ses ambitions au Grand largue régulièrement dessallés, nos ondes se raccordent dans des temps innocents

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