jeudi, juillet 09, 2009

(37)*Mon doux docteur m’a opéré une nouvelle fois. Je ne sais de quoi, mais ce n’est pas de l’oreille. Si je n’étais encore sous anesthésie, je me soulèverais et verrais une cicatrice sans pansement sur mon ventre.
Il est quatre heures du matin, nous nous endormons tous sur le tas. Une jeune femme se love naturellement contre le docteur. Ce doit être son assistante. Mais il la repousse gentiment, lui indiquant que c’est ma place. Et il m’attire doucement vers lui, me brûlant de baisers courts, sa main sur mon sein tout en guidant la mienne vers son ventre.
Je serais heureuse d’être contre lui toutes ces heures de l’aube, mais la jeune femme recroquevillée dans l’autre coin du lit me fait de la peine et me gêne. Alors je me réveille vraiment et tente de justifier cet abandon charnel par les effets de l’anesthésie.
Nous comparons les cicatrices pratiquées par ce chirurgien, elles sont au nombre de dix, toutes égales les unes aux autres, en dessous du genou, au même point de cicatrisation. Si bien que l’on ne peut distinguer les plus anciennes des plus récentes, y compris celle de la nuit.
Trois œufs ; ils sont bouillants, prêts à éclore. Ce sont des oeufs de serpent. Je ne veux pas empêcher le processus de la naissance, je les conserve aux creux de mes mains afin qu’ils gardent leur chaleur, tout en supputant l’endroit où les coquilles se briseront, pour éviter la piqûre des bébés venimeux. Finalement, ils sont en tronçons, par terre. J’essaye de leur faire réintégrer un panier à salade garni de légumes verts, pour me protéger d’eux, tout en assurant leur survie.

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