mercredi, juillet 01, 2009

(34)*Une longue tablée faite de planches et de tréteaux. Vous et moi sommes face à face. Votre injustice me révulse si fort que je voudrais violer la sagesse apparente de cette assemblée. Un à un je prends les verres de la table pour vous frapper le visage avec. Cette violence peut paraître incongrue à tous ces intellectuels, mais je voudrais qu’on réalise dans quelle détresse vous me maintenez. Les verres sont épais et vides, ils vont se fracasser contre celui que vous gardez contre votre nez. Vous n’avez pas bougé, totalement insensible à ma révolte, et sans peur. L’assemblée par contre est électrisée par cet éclat. Peut-être est-ce grave ? Assez pour qu’il y ait un crime ? Au bout de quelques secondes la tension retombe, en une calme indifférence. Alors, au risque de me rendre mélo dramatiquement ridicule, je hurle: « J’en ai marre! Je ne vous demande rien! Je ne vous empêche pas de vivre votre vie, mais ayez l’honnêteté de me foutre la paix ! Ce n’est pas moi qui téléphonerai, ce n’est pas moi qui vous chercherai, alors pitié ! »
Une deuxième fois je sens comme un électrochoc traverser la salle. La tension est à son comble. Mais Nathan se met à rire et moi je l’imite, ce qui abolit l’effet de ma scène.

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