lundi, mai 10, 2010

(81)*Des garçons en jaquettes blanches nous servent un café noir dans de ravissantes tasses blanches, à l’extérieur. C’est très chiche. Nous sommes tout un groupe, et le faisons remarquer aux serveurs. L’un d’entre eux me dit que je ne devrais pas me plaindre car j’ai reçu une tasse plus grande que les autres. Je regarde, c’est vrai, elle a le double de contenance. Il y a trois autres personnes qui ont bénéficié sans le savoir de ce régime de faveur.
Renaud est de l’autre côté de la table. Une connaissance, cheveux courts, pas jolie, l’embrasse et s’installe sur ses genoux faute d’autre place. Il lui trouve une chaise, la place près de lui, et durant tout ce semblant de petit-déjeuner sans rien à manger, il garde leurs deux mains étreintes sous la table. En balançant ma chaise je vois leur manège par en-dessous. Je voudrais que Renaud sache que je vois, je me lève et je vais vers lui. Il a à peine le temps de desceller son étreinte, je lui dis : « C’est mercredi, Renaud, nous sortons chacun de notre côté. » Je pars et me retourne sur lui, il reste sans réaction.
Je vais vite dans mon quartier voir s’il y a du courrier. Les boîtes à lettres ont été placées de l’autre côté du couloir, à leur place un fourre-tout de brocante, et à terre des casseroles en émail rouge. Je pourrais bien en prendre une, c’est ce dont j’ai besoin dans ma chambre d’hôtel pour préparer un plat.
Une petite boule ronde me mord la cheville en jappant. Je crois que c’est un chien mais c’est un chat moucheté de blanc, jaune et brun. Tout à fait un chat de concierge. Je l’attrape par le cou pour le remettre dans la loge. La femme est au fond de la pièce dans un lit de campagne. Il y a un feu de bois, les bûches crépitent, le chat fasciné veut jouer avec. Les flammèches vont dans ses poils. Au lieu de se sauver, la bête continue à se faire éclabousser par toutes ces luminescences. Je ferme la porte, me disant que c’est le deuxième chat que j’aurai laissé brûler ainsi.

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