lundi, mai 31, 2010

(83)*Je veux lui montrer ma chambre au cinquième. Jean-Pierre grimpe comme un singe. Il se hisse d’étage en étage, ses mains accrochées aux tuyaux de gaz qui courent le long de la cage d’escalier. Je le prendrais bien pour amant, puisqu’il faut que j’en trouve un. Réflexion faite, ce ne serait pas agréable, le connaissant, de savoir que tout Paris sera au courant et dans des termes peu délicats. Toutes les pièces du haut sont vides, pas très belles mais amusantes. Si j’avais de l’argent pour en acheter plusieurs, je ferais en sorte qu’elles communiquent entre elles par quelques marches car aucune n’est au même niveau. Ma petite chambre de bonne est la plus jolie.
J’agis comme une putain à draguer dans les rues en quête d’une proie. Je finis par suivre une prostituée qui n’est autre que mon double en plus gracile, plus sexy, dans un vêtement des années 30.
Le soir tombe, ce n’est pas Paris, peut-être Anvers, ou l’Allemagne. La fille chemine toujours, puis elle entre dans un bordel, je la suis.
Les patrons et quelques autres personnes sont attablés devant une table dressée en buffet. La fille a disparu à l’étage, dans sa chambre. Étant cliente, j’attends qu’on la fasse descendre et je rafle au passage du pain avec une tranche de tomate, ainsi que d’autres amuse-gueule.
La prostituée est enfin redescendue, mais son dernier client fait écran entre elle et moi. Je ne vois que le dos de cet homme brun, arabe me semble-t-il, qui l’étreint tel un amoureux, la couvrant de baisers. Le patron me dit que ce matin, passé l’heure réglementaire, il a voulu récupérer sa pensionnaire et que ce même homme l’a enlevée, et comme ils étaient poursuivis, ils sont montés dans un camion amphibie, ils ont traversé le fleuve, laissant derrière eux le bordel et moi qui vous parle.

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